« Là où les eaux se mêlent », c’est le thème de la 15ème édition de la Biennale de Lyon où vous pourrez vous évader et vous déconnecter complètement de la réalité en admirant les oeuvres de 56 artistes du monde entier ! Elles pourront vous paraître déjantées parfois et pourtant elles sont très réfléchies et pensées, émouvantes ou choquantes, et surtout, elle ne vous laisseront pas de marbre c’est certain.
J’ai d’abord visité le MAC de Lyon, le Musée d’Art Contemporain composé de 3 étages où l’on découvre des artistes très différents. Puis j’ai déjeuné à l’Epona, le restaurant du chef Mathieu Charrois de l’InterContinental à l’Hôtel Dieu : le repas était succulent, d’une finesse incroyable avec des saveurs extraordinaires en bouche de l’entrée jusqu’au dessert ! J’ai pu découvrir ensuite la Cité Internationale de la Gastronomie qui fera l’objet d’un autre article (sinon celui-ci ferait des kilomètres et je préfère dédier celui-ci à l’art contemporain). Et pour clôturer la journée, j’ai passé l’après-midi dans les anciennes usines Brandt-Fagor qui accueillent pour la première fois cette année la plus grande partie de la Biennale sur 29 000 m² !
En entrant dans le musée, nous sommes accueillis par des créatures hybrides, formant un paysage sous-marin en céramique émaillée. Puis en levant la tête, on est pris dans le vif par des collages de Josèfa Ntjam qui aime créer des mondes imaginaires et futuristes et sur lesquels les couleurs fusent de toutes parts. Les proportions ne sont pas respectées car son imagination dépasse les dimensions, les frontières et les réalités. Ce sont des rêves, des guerres, des dénonciations politiques aussi, mêlés aux mondes monde végétal, animal et humain.
Après le hall d’entrée, on découvre des logos dégoulinants de Aguirre Schwarz, figure historique du post-graffiti en Europe, logos qu’il souhaite « liquider » à la manière d’un peintre tueur à gages (« Liquidated Logos »). L’oeuvre devient alors un paysage économique dégoulinant, une critique de notre société capitaliste, tout « en argenté » bien entendu…
Puis on commence à arpenter de sublimes salles immenses, recouvertes de parquet clair au sol. C’est une balade dans un autre monde, on y découvre d’abord les peintures murales de Renée Lévi réalisées à l’aide de bombes de peintures et d’une serpillière (comme quoi… !) dans des tons de bleu, de beige, de rose… Les perspectives sont jolies, les vagues de couleurs douces et apaisantes.
Puis certaines créations constituées de matériaux naturels, ici celles de Jenny Feal, sont un témoignage des conditions de vie et de l’histoire de La Havane.
Au deuxième étage, les « fantasmes mammifères » sont des pièces de bois superbement sculptées dans du chêne massif par Daniel Dewar et Grégory Gicquel. On y voit l’homme au milieu d’animaux à peau lisse, mais aussi un meuble représentant des légumes et des nez qui sortent du bois… ! Nous n’avons pas eu le temps d’aller au 3ème étage où j’aurais aimé voir la suite de leurs sculptures qui laissent perplexe et que je trouve vraiment spectaculaires tant par leur taille que par leur thème naturel.
Merci au guide qui nous a fait découvrir cet endroit dans un temps imparti avec des explications passionnantes et très accessibles pour moi qui étais novice dans cet art que je côtoie peu !
Direction maintenant les anciennes usines Fagor, nouveau lieu adopté pour la manifestation, un lieu chargé d’histoire et dans lequel les artistes se sont nourris du passé et ont puisé leur inspiration. Ce lieu pourtant froid, immense et métallique m’a beaucoup émue. De savoir que des hommes y ont passé des années à travailler puis s’y sont battus pour garder leur emploi donne encore plus de grandeur à ce lieu déjà immense physiquement.
4 halls nous font découvrir des créations gigantesques, étranges, lumineuses, intrigantes, qui représentent souvent des luttes ou souffrances, passées ou présentes. Une chose est certaine, vous ne ressortirez pas indemne de cette journée. Tout ceci provoque des sentiments multiples, entre étonnement, tristesse mais aussi gaieté, surprise, questionnements…
Dans le premier hall d’une dimension gigantesque, se côtoient des oeuvres très différentes. Du Roncier de Jean-Marie Appriou, comme si la nature reprenait ses droits dans l’entrepôt, à La Mêlée, une structure gonflable de Léonard Martin, en passant par les peintures et sculptures hybrides de Simphiwe Ndzube qui forment des paysages politiques oniriques, le système robotique de Fernando Palma Rodríguez créant une chorégraphie de petites robes d’enfants qui s’envolent entre ciel et terre comme des petits fantômes ou les dunes de chaux et la moto blanche de Stéphane Thidet… Comme quoi il est possible de parler de grâce avec un horizon immaculé et un engin…
Puis dans le hall suivant, j’ai découvert une rivière de lumière, comme de la lave, une oeuvre perçante dans le sombre espace, j’ai trouvé cette ambiance magique ; elle est signée de la créatrice coréenne Minouk Lim.
La cuisine cristallisée de sel aux vertus purificatrices de l’artiste alchimiste Bianca Bondi est un endroit glacé, comme figé par le temps ; cet endroit de repos autrefois pour les ouvriers est comme congelé, bleu, perturbant, émouvant… Comme d’autres oeuvres qui évoluent dans ces halls d’exposition au fil du temps, le sel et la couleur peuvent changer d’aspect, tout semble être figé mais pas tant que ça finalement… comme si la cuisine gardait une âme et vivait encore.
Le performer Abraham Poincheval arpente ici les nuages dans sa « Marche sur les nuages » diffusée sur un écran gigantesque. Cet artiste est adepte d’expériences très spéciales, une façon de réenvisager notre rapport à notre environnement direct : vivre dans le ventre d’un ours empaillé, habiter sous terre dans un trou de 60 centimètres de diamètre, vivre à 20 mètres de haut seul dans le vide… !
Tout comme la cuisine de sel qui change d’aspect au fil du temps, voici une oeuvre de Pamela Rosenkranz, une étendue ronde au sol, recouverte de poudre de maquillage. Chaque jour, une bouteille d’eau d’Évian est versée sur cette surface, créant dans ce paysage fictif des simulacres de cratères et de ruisseaux. L’artiste se joue ici des rêves de jeunesse éternelle et de préservation de la pureté, marketés et vendus par les marques de cosmétiques et d’eaux minérales comme des idéaux de beauté.
Un souvenir des activités de l’usine… Si, au début des années 1980, l’usine employait encore 1800 ouvriers, ils n’étaient plus qu’un peu moins de 400 dans les années 2000.
On ne peut pas rater les couleurs flashy des artistes Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl qui mettent en jeu ici des questions de genre, d’identité et d’économie. « Dans un esprit de transgression et de parodie, leur installation réalisée dans une fosse des usines Fagor interroge le côté obscur des normes sociales et de l’économie néolibérale. »
On passe ensuite dans le hall 3, un lieu mêlant les légendes grecques et une atmosphère à la Tintin… regardez Prométhée de Thomas Feuerstein qui se fait dévorer le foie chaque jour par l’aigle du Caucase, chaque nuit le faisant renaître…
Ici autour d’une tête foreuse de tunnelier de plus de 230 tonnes prolifèrent des sculptures, collages, peintures et vidéos, à la manière d’une végétation parasite, sauvage et synthétique. C’est l’oeuvre de Sam Keogh qui représente un squat habité de façon très précaire… C’est très rare de se retrouver devant une tête foreuse de cette taille, elles sont tellement lourdes à transporter que généralement elles restent enterrées dans le sol une fois le travail accompli… (comme le tunnel sous la Manche) !
Enfin, le dernier hall visité nous présente des conduits de béton aux bas-reliefs et peintures qui soudain font apparaître à l’intérieur des petites pépites dans ce monde froid et brut (Pannaphan Yodmanee) puis, une « mont-robe », un mélange de montgolfier et de robe à crinoline blanche, très pure de Taus Makhacheva, qui se regarde donc à l’endroit et à l’envers et enfin des formes circulaires initiées à partir de jeux d’assemblages et de maquettes de Mengzhi Zheng qui donnent une impression de grande légèreté et de profondeur en même temps.
Merci à la guide passionnante et passionnée qui nous a tous captivés !
Je n’ai pas tout vu durant cette journée riche en découvertes et émotions. Un conseil, prenez du temps pour ces visites et surtout aidez-vous d’un guide qui vous aiguillera tout au long de ce moment, ce qui est indispensable à mes yeux pour découvrir ces créations qui, sans explication, peuvent souvent paraître brutes alors qu’en écoutant le guide, tout prend un sens, que l’on aime ou que l’on n’aime pas certaines réalisations. On ne peut pas tout aimer, c’est cela qui fait le charme d’une exposition d’une telle ampleur.
La Biennale de Lyon est un temps fort de l’actualité artistique internationale, ça serait dommage de la rater. Dépêchez-vous si vous souhaitez vous y rendre, l’exposition dure jusqu’au 5 janvier prochain !
Alors, qu’en pensez-vous ? Vous ai-je donné l’envie de vous y rendre ?
Un grand merci à l’agence Agnès Renoult Communication pour cette inoubliable journée placée sous le thème de l’art contemporain !
Mon prochain article sera dédié à la Cité Internationale de la Gastronomie à Lyon que j’ai pu visiter également ce jour-là. « Stay tuned… ! »
Belle journée à tous !
2 Commentaires
Très très bel article… photos magnifiques….ça donne envie d’y faire un tour…. Oh oui!
Richard
Merci Richard, alors vite, ça s’arrête le 5 janvier 2020 ! Très bon week-end.